L'info n'a pas échappé aux producteurs d'insectes : La Commission européenne autorise l'utilisation des protéines transformées d'insectes (PAP pour "Processed animal protéines") dans l'alimentation des volailles et des porcs.
Pour ce marché en plein développement, c'est une très (très) bonne nouvelle ! 😀
Dans un récent communiqué publié par l'IPIFF (The International Platform of Insects for Food and Feed) l'organisation salue cette décision qui devrait permettre "d'accélérer l'expansion économique de notre secteur et de répondre aux besoins d'approvisionnement en aliments pour animaux et aux défis de durabilité auxquels sont confrontés nos partenaires de la chaîne alimentaire".
Publiée fin août et entrée en vigueur fin septembre 2021, cette autorisation aura pour conséquence d'accélérer significativement la demande en protéines d'insectes.
Si c'est une bonne nouvelle pour l'entomoculture, qu'en est-il des producteurs de volailles et porcs ?
Les filières avicoles et porcines sont-elles prêtes à introduire des insectes dans la ration des poulets et des porcs ?
Les protéines d'insectes sont-elles vraiment une alternative fiable aux protéines végétales ?
C'est ce que nous allons voir dans l'article qui suit 🧐
Sommaire 1. Quelles opportunités pour les producteurs de protéines d'insectes ? 3. Le marché de la protéine d'insectes à horizon 2030
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L'Europe est le 3e producteur mondial de volaille avec plus de 50 millions de tonnes de viande produite par an (source "AVEC : Association of Poultry Processors and Poultry Trade in the EU Countries").
Avec l'autorisation de recourir aux farines d'insectes dans l'alimentation des poulets, de nouveaux marchés s'ouvrent pour les entomoculteurs, en fournissant des matières riches en protéines particulièrement adaptées aux régimes alimentaires des monogastriques (porcs et volailles).
Mais pour cela, la filière élevage d'insectes doit répondre à certains enjeux :
La filière volaille européenne recherche des solutions alternatives pour réduire son empreinte carbone et s'émanciper du soja trop associé à la déforestation et dont l'impact environnemental est contesté.
Contrairement au soja, l'impact environnemental lié à la production de farine d'insectes est quasi neutre.
La raison ?
Cette production nécessite peu d’espace. Les fermes verticales garantissent de produire des gros volumes dans un espace réduit.
L'autre avantage de cette production est sa capacité à recycler, transformer et valoriser les co-produits issus de l'agriculture (ex. épluchures de fruits et de légumes...).
Ces co-produits peuvent facilement être intégrés dans l'alimentation des larves et des insectes sans nécessiter de gros besoins en nourriture et en eau.
Du point de vue économique, les insectes possèdent un taux de conversion très performant.
D'après Samir Mezdour, chercheur en sciences des aliments à AgroParisTech : "pour 10 kilos de matière organique ingérée, les insectes vont produire 8 à 9 kilos de protéine contre seulement 2 ou 3 kilos pour les bœufs".
L'Europe est un grand importateur d’aliments et les difficultés d'approvisionnement et de livraisons causées par la pandémie de Covid 19 ont révélé la nécessité de rendre notre agriculture plus autosuffisante.
Produire des protéines en Europe permettrait de limiter ces importations.
Pour répondre à ce besoin d'autonomie alimentaire vis-à-vis des importations de protéines végétales, les insectes peuvent être produits localement sur le territoire Européen.
L'Europe est d'ailleurs à l'avant-garde en matière de production de farines d'insectes grâce à une filière bien organisée, un vivier d'entreprises et de startups très innovantes et des infrastructures adaptées.
Malgré la hausse des prix des derniers mois, le soja reste plus abordable que les farines d'insectes qui sont en moyenne 3 fois plus chères.
L'ouverture des nouveaux marchés, en particulier celui de la volaille, devrait augmenter la production d'insectes en Europe et améliorer sa compétitivité.
Le soja est reconnu pour fournir un bon équilibre en acide aminé nécessaire au bon développement des poulets.
De leur côté, les insectes ne sont pas en reste puisqu'ils possèdent un taux de protéine de très bonne qualité, bien supérieur au soja (allant de 35 à 77% à sec).
Ils contiennent tous les acides aminés essentiels et sont riches en fibres, en fer, en lipides, en minéraux et en vitamine D.
Face aux craintes de voir ressurgir un scandale alimentaire comme celui de la vache folle, dans une interview donnée à RTL en octobre 2020, le chercheur Samir Mezdour se voulait rassurant et précisait que "la distance génétique entre l'homme et l'insecte est beaucoup plus éloignée que la distance entre la vache et l'homme. D'après les recherches qui ont été menées, le risque d'une transmission d'une maladie de l'insecte vers l'homme est très limité voire inexistant".
Nous n'aborderons pas ici les insectes comme source d'alimentation pour les humains. Même s'ils sont une source naturellement riche en protéines et consommés de par le monde depuis la nuit des temps.
S'agissant de l'utilisation des farines dans l'alimentation des volailles, la filière est plutôt positive, car ils font naturellement partie de leur régime alimentaire.
La FAO considère les insectes comme "une source de protéines alternatives prometteuse, tant pour leur faible impact environnemental que pour leur qualité nutritionnelle".
Face à cet engouement et profitant d'un contexte favorable, l'organisation prévoit une augmentation de 20% de la production d'insectes dans les cinq prochaines années.
Les insectes représentent une composante naturelle dans l'alimentation des "carnivores" (Chat, chiens, poissons, volailles et porcs) et sont riches en acides aminés les rendant hautement digestibles.
Comme nous l'avons vu précédemment, l’élevage d’insectes répond à de nombreux critères et peut (enfin) profiter d'un contexte favorable à son développement :
Tous les éléments sont désormais réunis pour permettre au secteur de se développer 👍
👉 A la question, les producteurs sont-ils prêts à intégrer des farines d'insectes dans la ration des poulets et des porcs ? La réponse est oui !
Sous réserve que les protéines d'insectes :
La filière européenne des producteurs de "volaille de chair" a d'ailleurs pleinement exprimé son avis favorable lors du webinair organisé par l'IPIFF suite à l'entrée en vigueur du règlement autorisant les PAP d'insectes.
Les marchés de la volaille et de l'aquaculture sont les plus enclins à recourir aux protéines d'insectes (dans une moindre mesure pour la filière porcine) ouvrant de nouvelles perspectives pour l'entomoculture.
Toujours selon l'IPIFF, dans les 10 années à venir, le secteur de l'insecte deviendra un maillon à part entière de la chaîne agri-food européenne :
D'après la FAO, les productions agricoles vont devoir augmenter de +70% pour pouvoir répondre aux besoins grandissants de la population mondiale.
L'enjeu de la protéine tiendra un rôle central.
Nous avons d'ailleurs consacré un article sur le sujet où on vous explique comment l'élevage industriel d'insectes peut nourrir la population tout en contribuant au développement durable ?
Si les perspectives se confirment, la demande en protéines d'insectes devrait fortement augmenter dans les 5 ans à venir.
Actuellement, le marché européen représente quelques milliers de tonnes alors que les investissements représentent plus d'un milliard d'euros - ce chiffre devrait dépasser les 3 milliards d'euros d'ici 2025.
Aujourd'hui, à l'exception de quelques très gros opérateurs capables de produire plusieurs milliers de tonnes, les fermes d'insectes sont en grande majorité des startups, des TPE ou PME dont le système de production n'est pas ou peu automatisé.
Si la filière souhaite devenir plus compétitive face aux protéines végétales et passer à l'échelle industrielle, les producteurs de Black Soldier Fly et de Ténébrion Molitor vont devoir automatiser leur système de production pour assurer les rendements nécessaires.
Cela passera forcément par un meilleur contrôle de la production et l'automatisation de certaines actions comme le comptage des larves et des adultes.
👉 Dilepix est la seule startup à développer des solutions pour accompagner les producteurs d'insectes dans l'automatisation de leur outil de production.
Lors de son intervention au webinair "IA et automatisation de la production d'insectes" organisé par la Ferme Digitale, Alban Pobla a rappelé que les technologies comme l'intelligence artificielle sont les alliées des opérateurs humains lors du contrôle de la production. "Nous mettons à disposition des outils de mesures performants qui font gagner du temps et permettent à l'opérateur de s'affranchir de certaines tâches moins valorisantes. De cette manière, les opérateurs peuvent se consacrer à des tâches qui apportent une vraie valeur pour l'entreprise".
▶️ Replay "Intelligence artificielle et vision par ordinateur au service de l'automatisation de la production d'insectes"